Au-delà de l’accueil du touriste, à quoi sert-elle l’institution que vous gérez ?
Caroline Büsch: On joue un rôle de promotion du territoire, de ses artisans, de son patrimoine à travers l’organisation d’événements, la mise en valeur de produits locaux, la création de brochures et de circuits touristiques. Nous avons également un rôle d’information, notamment par notre fonction d’accueil. Pour notre Maison du Tourisme, qui a un statut juridique d’ASBL, on développe de nombreuses collaborations avec des acteurs locaux, des Agences de Développement Local (ADL), des échevinats et des artisans de produits de bouche. Nous cherchons toujours à mettre en avant et à développer certaines initiatives. Par exemple, en collaboration avec l’ADL de Dison, nous avons créé un package touristique qui comprend une nuitée, un repas au restaurant, et une activité touristique. Ou tout récemment, on a créé, avec le foyer culturel et sportif de Baelen, un pique-nique au verger de Membach, mettant en valeur un bel endroit ainsi que des producteurs locaux. Nous avons également un rôle important pour les habitants locaux, en valorisant et en faisant connaître les trésors de notre région. Aussi, on met en valeur le patrimoine artistique à travers notre salle d’exposition qui accueille chaque mois un(e) artiste différente.
Après le Covid et les inondations, les touristes ont-ils repris le chemin de nos régions ?
Christine Simonis: Nous avons été fortement impactés par les inondations et avons dû fermer pendant plus de six mois. Nous avons rouvert ici, rue Xhavée (à Verviers dans le parc Fabiola) en avril 2022, et avons constaté une augmentation du nombre de touristes individuels, qui sont revenus en force. On compte trois fois plus de touristes individuels qu’avant, lorsque nous étions rue Jules Cerexhe. Cependant, au niveau des groupes, c’est moins facile, on a plus de mal à les faire revenir. Plusieurs facteurs expliquent cela: les associations ont organisé moins de voyages pendant le Covid et ça commence à peine à reprendre, les prix ont fortement augmenté, ce qui a réduit le nombre de groupes. De plus, les gens réservent davantage sur internet et composent eux-mêmes leur voyage. Auparavant, nous avions beaucoup plus d’excursions à la journée, ici on a beaucoup de visites guidées de Verviers.
Quels types de touristes attirent principalement le territoire ?
Caroline Büsch: On accueille beaucoup plus d’Allemands qu’auparavant. Alors que nous avions à peine deux ou trois visiteurs allemands par mois, nous en avons maintenant presque tous les jours. Contrairement aux néerlandophones, qui préfèrent généralement les balades, les germanophones sont plutôt intéressés par le patrimoine. Les visiteurs français sont également de plus en plus nombreux. Ils s’arrêtent souvent chez nous en revenant de quelque part. Beaucoup viennent aussi ici pour le Spirit of 66. Nous avons des visiteurs de Norvège, de Suède, et d’autres pays. Nous recevons aussi beaucoup de Flamands, souvent des retraités, qui bénéficient de billets de train à meilleur prix, et cela leur fait une journée sympa. On a aussi beaucoup de personnes des Pays-Bas, notamment via l’hôtel Van Der Valk auquel ils sont fidèles. On récupère ces touristes qui cherchent ce qu’ils peuvent voir ici.
Quelques chiffres en stock ?
Christine Simonis: Nous avons accueilli 10 000 visiteurs en 2023. Pour avoir une idée de l’évolution, c’était 7 000 en 2013. En 2023, 76% de nos touristes étaient des Wallons, 8% de visiteurs venant d’Allemagne et de Flandre, 6% des Pays-Bas et 2% de France. Notre tourisme est principalement familial et senior, notamment grâce à la ligne de train qui facilite les visites depuis la Flandre. Nos visiteurs viennent souvent pour quelques jours, généralement pour un long week-end.
Comment évaluez-vous l’impact économique du tourisme sur la région ?
Nous avons des chiffres positifs concernant les nuitées (NDLR: ils ne peuvent pas être communiqués). De plus en plus de commerçants et de restaurateurs nous font des retours positifs sur les visites qu’ils reçoivent, et de plus en plus de propriétaires souhaitent se lancer dans une activité complémentaire comme Airbnb, gîte, chambre d’hôtes. Cela prouve qu’il y a une demande croissante.
Quels sont les projets pour améliorer l’expérience des touristes ?
Christine Simonis: les points nœuds de la province de Liège, et la Vesdrienne, qui seront tout bénéfice pour nous en termes de mobilité douce, car il n’est pas évident de circuler à vélo dans Verviers et pourtant, il y a de la demande. Les chasses au trésor Totémus fonctionnent très bien, on aimerait en créer deux nouvelles. On travaille aussi sur un projet de fresque et d’art urbain dans le cadre du projet Interreg GRACE (NDLR: vaste projet culturel et artistique transfrontalier – Belgique, France, Luxembourg, Allemagne –). On envisage aussi de créer une route du textile à vélo. Un autre projet en cours est le parcours des escaliers, que nous ressortirons une fois que les travaux à Verviers seront terminés. Nous avons également un parcours des fontaines qu’on aimerait pouvoir réactiver, bien que beaucoup aient été endommagées lors des inondations.
Partagez-nous un succès et un échec de la Maison du Tourisme pays de Vesdre ?
Le déménagement est notre plus grande réussite, même si cela a pris dix ans pour se concrétiser. En termes d’événements, le festival du terroir à Limbourg en 2007 et2009 a été un franc succès, attirant 3 000 personnes. Cependant, nous avons eu des flops aussi. Par exemple, nous avons essayé de lancer une balade aux bougies, inspirée de la nuit des Coteaux de la Citadelle. À trois reprises, elle a dû être annulée alors qu’on était complet, à cause de la drache !
Aujourd’hui, il se dit que vous êtes déjà à l’étroit rue Xhavée. On sait que cela a déjà été le parcours du combattant pour déménager de la rue Jules Cerexhe… Le choix de ce bâtiment dans le parc Fabiola était-il judicieux ?
C’est l’endroit le plus stratégique, près de la gare, non loin de l’autoroute, à l’entrée du centre-ville, a toujours été identifié comme un lieu d’information. Il a abrité le syndicat d’initiative puis la billetterie du centre culturel, incarnant ainsi un rôle culturel essentiel.
Cette fonction était tellement évidente dans l’esprit des gens qu’on a très peu eu besoin de communiquer sur le déménagement. C’était comme une évidence. Cependant, oui, on peut toujours rêver d’un bâtiment plus grand, avec un premier étage qui serait accessible aux personnes à mobilité réduite.
Petite biographie des codirectrices
Depuis 2016, la gestion de la Maison du Tourisme est partagée entre Christine Simonis (en charge du tourisme, des produits touristiques, des groupes et de l’accueil) et Caroline Büsch (en charge de l’administratif, la comptabilité, la promotion et la communication).
Christine Simonis: "Je suis née le 13août 1976, un vendredi13, à Verviers. Je vis toujours à Heusy. Je suis fille unique. Je suis passionnée par la collection de sable, je suis donc une arénophile. Concernant mes études, j’ai tout fait à l’école Notre-Dame: maternelle, primaire, secondaire, et ensuite j’ai étudié le tourisme aux Rivageois (NDLR: Haute École Charlemagne à Liège). J’ai d’abord travaillé quelques mois pour un autocariste dans le secrétariat avant d’être engagée au Centre de la laine à Verviers, en septembre 99, j’ai passé une année au CTLM puis, en octobre 2000, je suis passée à temps plein à l’ouverture de la Maison du Tourisme. Cela fait maintenant 25 ans que je suis dans ce métier, et je trouve toujours encore qu’on pratique un chouette métier".
Caroline Büsch: "Je suis née le 29avril 1985 à Verviers. Aujourd’hui, je vis du côté de Stembert. J’ai un grand frère. Mon papa (Jacky Büsch) était président de l’ASBL Les Minières à Verviers. J’ai deux filles, l’une de 11 ans et demi et l’autre de 6 ans et demi. J’ai fait mes études primaires à l’école de Mangombroux rue Jean Kurtz, puis mes secondaires à SFX2 et enfin à Notre-Dame. Après un an à l’Université de Liège (ULg) en communication, je me suis réorientée vers les Rivageois pour étudier le tourisme de gestion. Diplômée en 2007, j’ai profité d’une bourse du Forem pour passer quatre mois à Cambridge, en Angleterre, où j’ai travaillé à l’office du tourisme. En février 2008, j’ai commencé à travailler ici. Je suis également active dans l’événementiel, notamment pour le salon du rhum".
Les coups de cœur de l’été
1. L’arboretum de Mefferscheid à Baelen "à quelques minutes des fa*gnes", commente Caroline Büsch, offre une expérience atypique au cœur de la nature, avec ses œuvres artistiques locales intégrées, "une sortie dans un sentier didactique d’art, une belle découverte" à faire seul, en couple, en famille ou entre amis. "C’est un lieu coup de cœur pour nous, qu’on a notamment remis en avant en 2019 pour les dix ans de la rénovation du lieu". On peut vivre une balade sensorielle d’une heure et y découvrir une succession de sculptures insolites et d’arbres remarquables incroyablement grands du monde entier ou presque (le pin de Macédoine, le Parasolier du Japon et des sapins aux dimensions impressionnantes). Le lieu offre une balade balisée par 9 sculptures, fruits de 2 années de travail, réalisées à la tronçonneuse sur des arbres morts ou comportant des défauts. Accessible à tout moment. (GPS: Hestreux N620 à 4837 Baelen).
2. La chasse aux trésors Totemus de Limbourg est à faire cet été, assure la Maison du Tourisme pays de Vesdre. "Elle est ludique, fait sortir des sentiers battus, nous fait découvrir des chemins inconnus au cœur d’un des Plus Beaux Villages de Wallonie". Sur un peu plus de 5 kilomètres, elle nous emmène aussi du côté de l’arboretum de Goé. Une nouvelle façon de visiter une ville, un village, une région, une activité familiale ou de groupe adaptée aux petit* comme aux grands et des parcours disponibles à chaque instant via www.totemus.be.
3. Endroit incontournable pendant les beaux jours d’été, pour la Maison du Tourisme Pays de Vesdre, c’est le Val du Cossart de Stembert aux yeux des codirectrices, Carole Büsch et Christine Simonis. "Sans aller bien loin de chez soi, accessible en bus ou en voiture. Un merveilleux lieu à (re)découvrir". Elles conseillent de démarrer depuis le lac du grand-vivier pour aller découvrir cette véritable perle naturelle "où les balades sont très nombreuses" de la plus courte à la plus longue selon les envies et les possibilités de chacun.
4. Un lieu bien connu du Verviétois mérite le détour cet été, le Centre touristique de la laine et de la mode (CTLM), pour "son histoire fascinante sur Verviers et l’industrie textile, offrant une expérience enrichissante et la possibilité de mieux comprendre ou redécouvrir le riche patrimoine de la région", une activité à partager en famille. "En plus, l’un des parcours, le parcours laine, a été rénové récemment".Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 17 h, rue de la Chapelle, 30 à Verviers. 087 30 79 20.
5. Autre coup de cœur, "Mont-Dison" , nous étonne Christine Simonis. On peut combiner de nombreuses balades avec une découverte de Vinadis, le vignoble andrimontois. Durant ces 20 dernières années et même plus, la viticulture a gagné du terrain en Belgique. Et chez nous aussi, on produit du vin à tester chez Chris Engels à travers diverses formules dégustations, visites et autres. Infos: 0473/65 25 24 ou chris.engels@vinadis.be. "On découvre de superbes paysages, pas trop loin de chez soi et le village est vraiment joli".
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